Quelques mots sur la MTC à l’intention des profanes
La « Médecine Traditionnelle Chinoise » décrit un ensemble de disciplines très anciennes, éminemment pragmatiques qui, malgré leurs fondements cosmophilosophiques, ont toujours reflété une démarche rigoureuse et pointilleuse.
Sans cesse critique d’elle-même et en recherche permanente d’efficacité, la MTC a toujours cherché à répondre aux besoins de chacune des époques, et surtout à grandir et à s’améliorer sur ces nouveaux besoins.
Héritage de la pensée symbolique et analogique, mais authentique et humaniste des proto-chinois, non régie par la soif de profit, la MTC (au cours d’une longue période durant laquelle l’infiniment petit du corps humain n’était techniquement pas mesurable) décrit une médecine de terrain, dont la pertinence et le bien-fondé sont de plus en plus confirmés et explicités par la science moderne, même si elle n’a pas eu historiquement besoin de la force de la preuve pour être légitimée…
Elle s’est évertuée de génération en génération à comprendre les mécanismes qui sous-tendent la santé, via l’observation des phénomènes naturels et leur incidence et reproduction sur le corps humain : il s’agit en effet d’un ensemble de disciplines qui ne traitent pas un symptôme ou une maladie mais qui appréhendent les individus dans leur globalité, ce qui correspond d’abord à prévenir les troubles, protéger la constitution de la personne avec ses forces et ses faiblesses et déceler la cause originelle de toute expression symptomatique pour redonner le « la », c’est-à-dire normaliser les fonctions vitales et rétablir « l’ordre naturel des mouvements » internes (infectiologie et traumatologie mises à part).
A bien se rappeler l’âge de la MTC, quand on le met en rapport avec la démographie chinoise et orientale, on pourrait même postuler l’idée que ses procédés sont ceux qui ont le plus été mis au service de la santé dans l’histoire humaine. Aujourd’hui encore, en Asie ou dans d’autres continents, les médecines traditionnelles représentent le recours thérapeutique du quotidien le plus fréquent, sans aucune discrimination des découvertes médicales récentes, loin s’en faut.
5 disciplines complémentaires
Au sens originel, la MTC revêt plusieurs acceptions puisqu’elle comprend, nous l’avons vu, 5 groupes d’approches différentes, mais complémentaires, qu’il convient d’adapter aux besoins :
- AN MO / TUI NA, les techniques manuelles qui s’apparentent sous certains aspects à de la kinésithérapie, de l’ostéopathie ou de la chiropraxie avec une lecture méridienne ;

- Les QI GONG, véritables « culture physique des souffles » qui associent postures, mouvements, respiration et conscience, et qui s’avèrent être d’authentiques outils de cultivation, de circulation et de projection de la force vitale, mais aussi d’apaisement du système nerveux (TAI JI QUAN et méditation en font partie) ;

- ZHONG YAO / BEN CAO, la pharmacopée, qui est majoritairement (mais pas exclusivement) une herboristerie traditionnelle administrée le plus souvent sous forme de décoctions, que l’on appelle les TANG (plusieurs centaines de plantes simples et complexes classiques). Elle comprend également les pommades et autres onguents ;

- SHI LIAO, la diététique, les régimes, diètes et jeûnes, qui sont d’une importance capitale puisque « nous devenons ce que nous mangeons » et que la maladie survient très souvent dans le sillage de carences, d’excès ou d’intempérances alimentaires, d’où les corrections nécessaires : « Que l’aliment soit ton premier médicament », selon la formule hippocratique ;

Et la plus importante en ce qui nous concerne :
- ZHEN JIU, ensemble de techniques maladroitement et de manière réductrice traduites par « acupuncture », qui correspond principalement à la stimulation de points d’énergie cutanés, soit par le métal YIN (aiguilles), soit par le feu YANG (moxas). Etymologiquement, les deux termes signifient « mise en lumière de l’essence », c’est-à-dire de ce qu’on a de plus naturel, de plus originel, le fond substantiel de qui nous sommes.

Rien ne sert de souffrir… il faut guérir à points !
Pour la petite histoire, on ne sait pas en dater avec précision les origines, mais les archéologues disent avoir retrouvé des aiguilles de pierre (« Bian Shi ») et d’os d’animaux datant du néolithique chinois. La thérapie par « les points » aurait donc déjà été utilisée avant la connaissance de la métallurgie (certains chercheurs prétendent que ses prémisses remontent à 5-6000 ans, soit aux temps de la construction des grandes pyramides d’Egypte).
L’utilisation d’aiguilles métalliques quant à elles (d’abord faites de bronze) remonterait (seulement !) à la dynastie ZHOU (autour de 800 av. J.C.), et le passage aux aiguilles d’or et d’argent à la dynastie des HAN, au tournant de notre ère (-200 / +200), période considérée par beaucoup comme la plus prodigieuse de l’histoire chinoise. Aujourd’hui, les aiguilles sont toujours métalliques mais principalement faites d’acier inoxydable ou d’alliages, usinées avec précision, de différentes tailles et diamètres, stériles et le plus souvent à usage unique.
Au regard de son ancienneté, on pourrait assimiler cette approche à une certaine forme d’« d’archaïsme moderne », mais à bien observer les choses, sa prouesse est surtout d’être intemporelle : pas besoin d’une longue réflexion pour réaliser que l’espèce humaine n’a pas changé fondamentalement de physiologie depuis des milliers d’années (outre quelques menues adaptations au mode de vie contemporain), de telle manière que les lois physiologiques qui régissaient nos ancêtres continuent de nous régir à notre époque. Ce qui était efficace hier continue donc de l’être aujourd’hui !
Jusqu’à nos jours, de nombreuses études la concernant ont été relayées dans la littérature scientifique, y compris occidentale, qui ont mis en exergue ses précieux effets dans un champ très vaste, mais aucune n’en a mis en évidence le moindre effet secondaire (rappel important, elle n’a pas été élaborée par les sages de l’Antiquité pour favoriser le sevrage tabagique !).
De surcroît, les risques d’infection ou de lésion demeurent quasi inexistants et les rares désagréments que l’acupuncture puisse provoquer sont une légère douleur à l’insertion de l’aiguille et des hématomes légers sans danger qui se résorbent assez vite.