Réflexions

En Occident, comptent désormais au rang des propositions thérapeutiques dites « douces », « alternatives », « complémentaires » ou « parallèles » une pluralité de disciplines, dont certaines ont traversé des siècles d’histoire (qu’on pourrait donc qualifier d’« Old Age »)- qui requièrent des années de formation pour être maitrisées… alors que d’autres ont vu le jour récemment et sont enseignées en quelques jours, parfois même au cours d’un seul WE.

Cela va sans dire qu’en dépit de leur classement dans la même catégorie, ces approches ne font pas appel aux mêmes connaissances, aux mêmes compétences intellectuelles, aux mêmes facultés d’analyse, ni ne requièrent le même investissement personnel ou le même temps d’assimilation.

Ce n’est pas que nous condamnions ces dernières, mais nous vous invitons à faire preuve de discernement dès lors que vous êtes amenés à choisir une formation dans ce domaine : renseignez-vous bien sur les origines théoriques et empiriques de ce que vous êtes enclin à étudier, ainsi que le « CV » de la discipline (son ancienneté, sa notoriété, ses résultats et ses limites, ses champs d’application, etc.).

Et adaptez vos attentes et votre attitude à cela… en vous enlevant de la tête qu’un métier s’acquière rapidement !

Combien de personnes veulent se reconvertir qui s’imaginent pouvoir suivre 3 WE de formation et changer de métier pour celui de thérapeute ?!? On voit trop souvent des personnes bien intentionnées en quête de LA technique, le fameux sésame thérapeutique, au dessus de toute autre approche, qui s’apprend rapidement et facilement, pour pas cher, dans une ambiance humaine et sympathique, qui soigne en une séance…

Ne perdez pas votre temps, cela n’existe pas ! Il faut savoir poncer le bois brut sans relâche avec minutie pour lui donner peu à peu un bel aspect et une forme utilisable. La patience, associée à notre ténacité, est l’une de nos principales vertus… Et posez-vous en priorité la question de savoir si vous êtes prêt à écouter les affres du monde tous les jours : au delà des compétences, il vous en faut le profil et en développer les capacités !

Attention aussi aux formations qui prétendent vous dispenser des contenus sur tous les sujets : homéopathie, acupuncture, ostéopathie, naturopathie, hypnose, EMDR, tout cela en une année !… aussi chiadée soit la formation, si vous vous imaginez que vous allez maîtriser toutes ces approches depuis votre canapé en quelques webinaires, réveillez-vous ! Aussi véraces soient-elles, vous n’aurez dans ce cadre que des bribes d’informations, la plupart du temps inutilisables. Tout vrai spécialiste vous dira qu’il y a consacré des années et des années d’études quotidiennes, relayées par une veille et une mise à la page permanente…

« Celui qui parle ne sait pas. Celui qui sait ne parle pas. »

Lao Tseu

Attention également à la mouvance « New Age », dont les propos parfois un peu trop « éclairés » ou syncrétiques décrédibilisent l’ensemble des approches dites « alternatives » qui n’ont, en ce qui nous concerne, rien d’ésotérique. Ne vous laissez pas amener sur le terrain de l’irrationnel ou du non vérifiable…

Les thérapies non conventionnelles pâtissent en effet souvent de formateurs ou de praticiens à la marge auxquels du crédit est exagérément accordé, qui n’ont pas les connaissances requises ou le sérieux nécessaire mais qui maitrisent le logos et peuvent être amenés à tenir des propos parfois trop légers ou péremptoires, indépendamment des questions d’éthique et d’intégrité (ce qui ne nous empêche pas de vous inviter à relativiser la tendance à jeter toutes les approches d’un secteur d’activités sous prétexte qu’un malheureux hurluberlu de ce secteur a tenu des propos farfelus)…

« Les explications mystiques sont considérées comme profondes ;
en réalité il s’en faut de beaucoup qu’elles soient même superficielles. »

F.W. Nietszche

Enfin, par une pirouette subtile de l’histoire, la psychologie collective moderne a tendance à donner l’illusion d’une supériorité de nos générations sur celles qui nous ont précédées… Comme si nous vivions l’âge d’or de notre civilisation, le stade ultime de son développement…

Pensez-vous décemment être issus de la civilisation la plus aboutie vivant à l’époque la plus intellectuellement développée ?

La prouesse de notre époque réside dans sa propension à distiller l’idée de notre supériorité intellectuelle sur toutes les autres civilisations en une éventuelle et perfide tendance à associer passé rayonnant (colonialiste ?) et développement d’une pensée supérieure. Combien de propos entendus depuis votre plus jeune âge dépeignant cette ethnocentrisme presque pathologique alors que nos connaissances et nos esprits d’analyse n’ont sans doute jamais été si formatés ? Ne croyez-vous pas que cette perception condescendante pourrait provenir d’une certaine indigence ou approximation de notre analyse et de notre cognition ?

Pour recentrer cette question sur le MTC, pensez-vous vraiment qu’une des civilisations majeures et les plus anciennes de notre planète puisse conserver, parmi les fleurons de sa médecine officielle, pendant des millénaires, des approches qui ne fonctionnent pas, auxquelles il faudrait « croire » (comme s’il s’agissait d’une religion), qui sont obsolètes, dangereuses ou qui n’ont pas fait leurs preuves ?

Pensez-vous par ailleurs que lesdites approches seraient archaïques, dépassées, inertes voire ineptes et n’auraient pas été adaptées et améliorées par chacune des générations de cerveaux en fonction des besoins et des écueils de leur époque ?

Les connaissances du passé, n’est-ce pas au contraire ce sur quoi nous devrions le plus nous appuyer ? Sommes-nous fondamentalement et physiologiquement différents de nos ancêtres ? Les lois qui régissent nos organismes d’occidentaux du 3ème millénaire ne sont-elles pas les mêmes que celles qui régissaient ceux de nos prédécesseurs asiatiques ?

Vous est-il arrivé de poser un regard un tant soit peu anthropo-« logique » sur ces questions ?

Non, ne regardons pas nos aïeux comme des reliques amusantes de l’histoire dont les démarches, découvertes et questionnements seraient surannés et n’auraient plus aucun crédit ni légitimité !

Conservons un peu de piété filiale et de précaution intellectuelle, et laissons-nous surprendre par ce que nous ignorons en ayant conscience que ce qui est considéré comme « alternatif » ici peut être ce qu’il y a de plus conventionnel et reconnu là-bas (pour rappel, les pays asiatiques de l’acupuncture officielle concernent environ 2 milliards de personnes).

Et n’oublions pas les découvertes majeures apportées par les chinois et autres peuples asiatiques à l’humanité…

« Le vrai savoir est de connaître l’étendue de son ignorance. »

Confucius